L’essentiel de ce que j’ai appris à la colonie, c’est de profiter de mes moments de temps libre pour flâner, discuter avec les gens, me lier à eux. En même temps pour certains cela fait pratiquement six ans qu’ils voient ma tronche qui n’a jamais ou presque pointé son nez hors de la colonie. Le plus simple pour moi encore restait de discuter avec les nouveaux ou ceux que je ne connaissais pas très bien. Ce que, par chance, la veillée de la colonie permettait de faire de façon plutôt détendue et efficace, en plus de pouvoir profiter de l’inventivité des pensionnaires en matière d’histoire amusante ou effrayante suivant l’ambiance.

Même si j’étais assez proche des gens pour discuter, j’avais pris une position de retrait, de sorte à ce que, quand j’en éprouvais le besoin, je puisse me recentrer sur mes pensées quand j’en avais besoin. L’ambiance était relativement détendue, et les gens changeaient de place en fonction d’avec qui ils voulaient discuter, au vu des moments stressants que vivait la colonie, personne n’allait engueuler les pensionnaires parce qu’ils échangeaient de place pour se détendre. Au contraire, je trouvais que c’était vraiment une bonne chose, les gens en avaient besoin. Et je me suis alors décidée que je devrais en faire de même. Mais avec qui entamer une conversation ?

La question tournait dans ma tête, moi qui aimait bien me faire discrète, décider avec qui discuter était au même niveau qu’une question de vie ou de mort. J’ai alors repéré quelqu’un avec qui j’avais effectivement envie de discuter. La fille de Poséidon qui était arrivée il y a peu, elle m’intriguait, car en plus d’être la fille d’un des Trois Grands, elle était la fille de Poséidon, si lui et Zeus était frère, on devrait bien pouvoir réussir à se trouver des points communs ou au moins à ne pas se trouver trop de raison de s’étriper. Je me suis alors dirigée vers sa place, m’asseyant tranquillement, et essayant tant bien que mal de ne pas montrer le manque d’aisance dans ma voix pour lancer les choses :

- Salut, je suis Iris, je voulais faire un peu connaissance, histoire de briser la glace, ça fait longtemps que je suis ici alors je repère vite les nouveaux visages.

J’essayais tant que faire se peut de maintenir un ton enjoué, bien que les coupures dans ma voix devait plutôt laisser penser que j’étais une machine qui crachotait pour démarrer. Mais bon, c’était toujours un début.