Ce matin là, je me levais tôt. J'avais tourné une bonne partie de la nuit alors que la question de cette jeune chasseresse revenait sans cesse. J'avais l'intime conviction qu'il s'agissait de quelque chose d'important. Qui était sa mère pour qu'elle se retrouve parmi les déesses vierges et sous la protection de Artemis ? Non, il se passait quelque chose et je ne savais pas ce que c'était.
Je n'aimais pas les moires. Réellement, elles me faisaient flipper. Elles connaissaient le passé, le présent et pouvait déceler certaines brides d'un avenir possible. Avoir de tels pouvoirs... C'était quelque chose de terriblement attrayant ... et effrayant. Alors c'est pour ça que j'avais passé la nuit à cogiter. Il faisait encore nuit - enfin, façon de parler - quand je pris ma décision. Je me tournais vers ma femme qui dormait paisiblement à mes côtés. Je repoussais une mèche de cheveux blond de son visage et passa un bras autour d'elle pour m'appuyer dessus et me pencher vers sa joue pour l'effleurer de mes lèvres dans une douce caresse. Un sourire tendre à son égard et je finis par me lever complètement. Enfilant un pantalon noir et une chemise bleu foncé, je passais ma main dans mes cheveux qui repoussaient doucement. Je soufflais alors que je sortis du palais aussi doucement que je pouvais, passant devant Cerbère aussi silencieusement que le permettais la traversée des ombres.
Me matérialisant devant le chemin, je pouvais voir que celui ci était allumé. Des flammes dansaient dans mes yeux alors qu'un sourire mauvais traversa mes lèvres. Je devais être clair et précis. Les Moires aimaient s'amuser des fantasmes et des peurs. Aussi, je pris le contrôle de mon esprit pour ne penser qu'à la seule question qui taraudait mon esprit. Qui était la mère de cette déesse. Car, de cela, j'en étais convaincu. Je montais les marches rapidement et arriva dans un silence jusqu'en haut après quelques minutes. De là, le palais entouré des jardins étaient encore plus beau vu d'ici. Je contemplais la vue d'ici. Tout semblait prisonnier d'une immense cavité, cachant plusieurs niveau, éclairé partout par des torches à la lueur orangé et jaunâtre.
Je m'approchais alors de l'entrée du temple circulaire. La statue en son sein s'anima subitement alors que les encens firent leurs effet. Une brume engloba l'endroit alors que je fermais les yeux. Les Moires se fondèrent en une seule femme aux cheveux d'or sans visage, caché par un voile de la mort. Mon cœur ne fis qu'un tour alors que je m'avançais, menaçant. Un rire s'échappa de l'eau alors qu'un œil apparut tenue par une main qui sortait de dessous le voile. Une voix désincarné sortit encore de l'eau en dessous de la femme vibrante comme des cordes vocales. Un dégoût se coinça dans ma gorge alors que je posais des yeux bleus et glacial.
-Il me semble qu'une question te trouble fils de Cronos.
Je ne répondis rien sur l'instant alors que je pouvais sentir la magie, le pouvoir et l'essence divine écraser l'atmosphère déjà lourde. Les moires avait ce pouvoir de rendre mal à l'aise n'importe qui, ou quoi. Alors, quand elles reprirent forment de trois femmes, celle du milieu tenait toujours l’œil. Des voiles flottaient autour d'elle comme si elles nageaient dans le puits de l'âme.
-Vous connaissez déjà ma question, alors dites moi la réponse. Qui est sa mère, à elle?
Celle du milieu dévoila un visage sans yeux. Deux orbites vides de toute vie me rappellant qu'elles n'étaient simplement pas vivante. Celle de gauche tenait un fil d'or entre ses mains alors qu'elle me fixait à travers son voile. Je pouvais sentir son regard vide à elle aussi. Je me concentrais uniquement sur ma question et non pas sur mes peurs les plus profonde. Aussi, l’œil se mit alors à flotter au dessus des moires et la même voix désincarnée scanda ces paroles.
« L’enfant caché sera perdue, puis retrouvé et dévoilé
Fille de l’eau et de la sagesse
Cette divinité surpassera ses parents
Mais dans le corps d’une enfant à jamais figée
Sa puissance bridée elle devra gardée
Pour ne pas détruire son corps à jamais
Siégera sur le treizième trône des Olympiens encore inexistant ! »
Je tiquais et bloquais à ses propos laissant place à mes émotions.
-Alors Athéna est la mère de cette déesse ? Elle est Poséidon ? Cela n'as aucun sens !!!
-Nous t'avons dis ce qu'il en était, à toi de l'accepter ou de le refuser petit roi.
Je me détournais des moires alors que l'eau reprit une surface calme à la fin de leurs propos. Je me mis à réfléchir. Alors, c'était donc ça. Poséidon et Athéna ont eu une fille. Forcément. Personne n'aurais compris d'où venait cette gosse. Une nouvelle déesse. Je comprenais qu'ils aient voulus la cacher. Ce que je comprends pas c'est cette histoire de treizième siège. Il n'y avait que douze grands dieux. Alors c'était là, le fond du problème ?
L'odeur d'une encens proche me ramena à la réalité alors qu'une autre voix désincarnée se fit entendre. La troisième qui tenait son fil d'or entre les mains parla.
-Ne souhaites tu pas savoir ce qu'il adviendra de ta femme ? Je bloquais. Un gout amer et une peur soudaine m'envahit. -Je peux te révéler quand elle...
Je la stoppais net d'un revers de la main. Je fermais les yeux, inspirant un grand coup. De la cendre et de la braise naquit autour de moi alors que je laissais ma colère exploser balayant les lumières et l'encens dans le temple. Je grondais, d'une voix forte alors que le sol se fissura à un endroit. Hors de question que je laisse faire ne serais ce, qu'envisager, la mort de ma femme. Perséphone vivra à jamais.
-Je vous interdit de parler d'elle. Est ce clair ?
Un rire reprit alors que les moires reprirent forme de statue. Je pouvais entendre leurs rire à me glacer le sang. Un frisson me traversa la colonne alors que je me calmais. J'inspirais un grand coup alors que je sortis du temple précipitamment. Aussitôt, toute la tension disparut subitement alors que je me remémorais la prophétie. Athéna était la mère de l'enfant, un treizième trône au sein des grands douze et l'éventualité d'un grand pouvoir. Cela devenait intéressant. Zeus n'aurais jamais permis ça.
Je repris le chemin qui me menait au palais et au lieu de me recoucher, décida de préparer le petit déjeuner car il était clair que je ne pouvais pas me rendormir. Je remarquais que je tremblais, aussi, je préférais me poser un instant, soufflant et supprimant toute adrénaline de mon corps. Un café pour moi, un thé pour madame. Oui, dans cet ordre.
n.1 | 1184 motsEmi Burton