Décidément: Ces recherches ne menaient à rien! Il faut dire qu’être choisie comme oracle semblait être un honneur dont pouvaient rêver la plupart des filles et que donc aucune d’elle ne semblait avoir eu envie de se dérober à leur sort et n’avait cherché à à chasser d’elle la voix d’Apollon. Mais cette histoire de réincarnation de la pythie dans le corps d’une autre femme me faisait me poser une question supplémentaire à laquelle je n’avais pas encore trouvé de réponse. En effet, cela semblait vouloir dire qu’il y avait un Pythie originelle dont l’esprit propre à véhiculer les messages du dieu se réincarnerait de génération en génération, et que donc celle-ci, avait était condamnée à se terrer dans une momie jusqu’à ce que ma pomme passe à portée? Il y avait donc une double compatibilité à respecter? La première du dieu avec la Pythie et la seconde de la Pythie avec son hôte. J’eus soudain l’impression d’être une poupée gigogne et un haut le coeur me saisit.

La fille s'assit à côté de moi. Elle pouvait pas trouver un PC plus loin? Non! Il fallait qu’elle m’impose sa promiscuité! Un instant je me demandai si je n’allait pas déménager mais mon fichier allait se balader sur le réseau de cette bibliothèque, voire de ce camp et je n’en avais pas envie pour deux sous. Temps qu’il n’était pas enregistré, je ne craignais pas trop qu’il tombe sous des yeux… je pourrais dire des yeux indiscrets mais par le fait n’importe quels yeux me paraissaient indiscrets. Pour tout dire le smiens avaient parcouru tant de fichiers qui étaient censés rester secret que je m’étais forgé la parano dont mes victimes auraient dû faire preuve. Je tournai doucement mon écran afin qu’elle ne puisse zieuter dessus, bien que la fille semblât des plus concentrées sur sa tâche.

C’était une des gravure de mode qui hantaient ce camp de malheur. Si j’avais bien compris, une fille de dieu donc. A la dérobée je l’observai brièvement pour tenter d’identifier qui était son père, mais aucun signe extérieur comme une couleur de peau ou autres attributs physiques ne trahissait son ascendance. Ce n’était pas la première chose qui allait me faire aller vers elle et déjà la tolérer à mes côtés était déjà une faiblesse de ma part. Depuis qu’elle était arrivée, je sentais que la rage que j’avais un peu réussi à mettre de côté était encore en moi et que je n’avais toujours pas digéré les derniers événements. Au point que je commençais à m’en vouloir de faire des recherches sur tout cela. Cela ne voulait-il pas dire que j’accordais plus de crédit à tout ce dont on essayer de me bourrer le crâne? Claro! Je ne pouvais pas faire autrement après ce que j’avais vu!

Je replongeai dans mes ouvrages. Si j’en croyais ce que je lisais, les dieux outre le fait de flirter avec les humains et de leur concevoir une progéniture qu’ils s’empressaient d’abandonner sur Terre, avaient la fâcheuse tendance lorsque ça leur chantait de prendre possession des esprits des humains. Hormis le fait que je ne supportait pas cette idée, je pouvais m’estimer heureuse car au moins j’étais le vecteur des messages d’Apollon vers les humains, mais ce genre de possession, car il s’agissait bien de cela, pouvait être plus tragique. Le pauvre Hercule en était un parfait exemple qui avait tué ses enfants sous l’emprise d’une divinité de l’Olympe. J’eus envie de jeter au loin de livre où il en était fait mention, comme j’aurais pu le faire de toutes ces images divines qui s’amusaient bien avec l’humanité avec une puérilité déconcertante. Des dieux ça?!!!

En plus elle parlait toute seule! Les règles qui s’appliquaient d’ordinaire aux bibliothèques ne semblaient pas la concerner. Non seulement elle venait se coller à moi mais en plus, elle avait décidé que la discrétion ne lui était pas imposée. Cela rendait tellement crédible ses origines divines! Je regardai une nouvelle fois la fille à côté de moi. Quelque soit son géniteur divin quelle image pouvait-elle bien avoir de lui ou d’elle? Pourquoi est-ce que je n’imaginais que les dieux masculins se livrer à leur petits jeux? Peut être parce que c’était d’eux que nous étaient parvenues la plupart des légende de ce type, le champion en la matière étant Zeus. Ses frasques ne me faisaient déjà pas rire gamines mais aujourd’hui encore moins. Je commençai à me dire que toute les pensées qui m’habitaient pouvaient être considérées comme des blasphèmes. Ca, c’était drôle! C’était même la seule chose un peu drôle que je trouvais ici.

La pauvre! rechercher la toison d’or, car il devait bien s’agir d’elle non?, dans une bibliothèque fût-elle celle des enfants divins relevait du bizutage! C’était assez pour aiguillonner mon esprit d’une nouvelle curiosité. Car s’il y a chez moi quelque chose d’irrépressible c’était bien la curiosité. Feignant de me replonger dans mes lectures, je restai les oreilles aux aguets de ses monologues. Un bref sourire narquois se peignit sur mes lèvres. Pas de doute elle était bien là où elle devait être. Bonne fifille d’une divinité embrigadée dans ce camp de fous furieux comme je me plaisais à désigner ceux qui avaient choisi d’y vivre. Elle allait tâcher de remplir sa mission au mieux et ce malgré les restrictions qu’elle mettait au bon sens d’un centaure. Comme je n’en avais croisé qu’un seul, je pensai immédiatement à Chiron. Le plus sage des centaures dites-vous? Comme c’était mignon! Mais ce qui était plus intéressant était la mention de ceux qui voient tout. Ceux-ci pourraient bien m’être utiles également. Je m’imaginais moi la Pythie aller voir un autre oracle ou quelque chose du style pour lui demander comment me débarasser de ma malédiction. J’eus envie d’exploser de rire à cette ironie et dissimulai cette pulsion derrière une fausse toux derrière la main.

En tout cas la fille semblait mettre du coeur à l’ouvrage et faire confiance à la Terre entière, elle. Lorsque la fille partit à la recherche de ses nouveaux ouvrage je ne pus m’empêcher de jeter un oeil sur les fenêtre s de recherches encore ouverte pour en savoir plus sur ces omniscients dont elle parlait entre ses dents. Hélios et Sélène? Hum… Je pianotai rapidement sur mon propre poste informatique. Fichtre! Hélios était semblait-il l’ancienne personnification du soleil et avait été petit à petit assimilé à Apollon. Cela ne me disait rien qui vaille. En fait tout ce qui avait trait à ce dieu me semblait dorénavant suspect voire hostile. En tout cas pour l’heure, je redoutais qu’on se tourne vers moi pour donner des réponses que je ne possédais pas. Si elle s'attendait à ce que je lui révèle comment trouver une toison, fusse-t-elle d’or, elle se fourrait le doigt dans l’oeil! Je n’en savais pas plus n’importe qui. Jason, les argonautes les épreuves de ces héros, point barre. Lorsque le fille revint j’étais un peu songeuse et espérait qu’Hélios et Apollon, pour les puristes qui semblaient habiter le camp, soient bien deux personne distinctes. S’il ne me restait pas encore deux bouquins à consulter et si ma curiosité n’avait as été piquée au vif, j’aurais rapidement plié mes affaires et aurais disparu, d’autant que esta chica n’avait pas l’adresse qu’on pourrait attendre d’un être divin et faisait presque tout ce qu’il fallait pour chasser les autres utilisateurs de la bibliothèque. Elle se colle à vous, fait des aller et venues, parle toute seule et maintenant… Non! Elle n’était pas sérieuse! Voilà qu’elle renversait ses petites affaires dont des parchemins qui si j’en croyais leur ancienneté devaient être bien fragile. On ne trouve déjà rien d’intéressant ici, mais si les utilisateurs se mettent à détruire les sources!...

Les sourcils légèrement froncés, je la regardai ramasser son fourbi tout en fourrant la feuille de mes notes dans ma poche arrière de jean et en éteignant le poste de travail non sans avoir en quelques raccourcis vidé tout ce qui pouvait s’aparenter à un cache où on pourrait retrouver les traces de mon passage.

Elle avait l’air tellement empruntée qu’elle finissait par ne plus me paraître divine du tout et que ses excuses contrastaient avec son sans gêne apparent. Peut être n’était-elle que nigaude… Même sa façon de se croire seule qui aurait pu être vexante, ne sonnait pas comme une insulte. Je ne savais pas trop si j’étais contente qu’elle m’adresse la parole. en temps normal je ne sais pas si j’aurais répondu. L’écran finit par séteindre indiquant que le poste était définitivement hors tension. En temps normal oui, j’aurais sans doute éteint l’ordi mais aussi rangé mes bouquins et quitté les lieux. Mais elle me posait directement une question et pouvait avoir des réponses pour moi, alors je fis l’effort d’entrer en contact avec la gravure de mode qui semblait être dans les petits papier de Chiron. Décidément ce mec _ on peut dire mec même pour un centaure vu qu’il a tout l’air d’un mâle?_ ce mec donc, a un nom de médicament, c’est dire si on doit rire souvent avec lui. En tout cas elle avait un nom encore plus à coucher dehors que je tentais de prononcer en pensée

“Hum..”

Ca voulait presque dire que ce n’était pas grave et qu’elle ne devait pas s’en faire.

“Oui, la nouvelle. Idalina Cadena Verduzco.”

Je n’avais pas de particule comme elle, mais mon nom était une des rares choses dont j’étais fière. Sans doute que ceux qui n’ont pour ainsi dire plus de famille ne peuvent qu’être fiers de ça…

J’indiquai du menton les parchemins qu’elle venait de ramasser.

“Rien d’abîmé?”

Je ne sais pas pourquoi j’imaginais la mine mi désolée mi réprobatrice du dit centaure en chef et me sentis une proximité de sale gosse avec Luinilinëa. J’hésitai à poursuivre avec les questions qui me brûlaient les lèvres, mais je ne suis pas très forte dans tout ce qui approche conversationnelle et je craignais que cela fasse un peu interrogatoire et donc un peu suspect. Je me disais qu’être la nouvelle pouvait me faire passer pour une bête curieuse, ce qui entre nous m’horripile au plus au point, mais en contrepartie pouvait donner à la fille l’envie de prolonger la discussion et me donner l’occasion d’en savoir plus sur bien des choses. Je me préparais donc à faire preuve de ce que je pouvais donner de qualité relationnelle...

En tout cas, la belle ne semblait pas de celles qui vous sautent au cou à peine les premières présentations faites et c’était plutôt un bon point suivant mes critères personnels. Le sourire dont je fus gratifiée était bien suffisant pour moi qui étais peu habituée aux effusions autres que sexuelles depuis la mort d’Aragorn et toujours sur la défensive. Cela eut pour effet de me détendre bien plus sûrement que quelqu’un qui aurait voulu m’amadouer par des sourires enjôleurs ou un contact physique intrusif. J’ écoutai donc les premières paroles de la jeune femme avec plus d’attention qu’elle n’aurait pu sinon le mériter tout en la détaillant de façon plus approfondie que de simplement la ranger dans la catégories des gravures de mode comme je dis toujours. Alors c’est vrai qu’on ne peut pas lui enlever ça, elle est très belle. Du genre qui doit un peu intimider sauf peut être si t’es aussi un demi dieu. Pas moyen de se tromper, elle fait du sport. Je sais pas si c’est juste comme ça ou si c’est prévu dans l’entraînement de la parfaite fille de dieu, mais elle en est canon.  Mais ce que je préfère chez elle ce sont ses yeux. Des couleurs comme ça, ça doit pas courir les iris! D’ailleurs c’est cool de planter mes yeux dans les siens pour lui répondre, même si on m’a dit cent fois que ça ne se faisait pas. On m’a aussi dit que ne pas croiser le regard c’était chelou aussi alors maintenant et depuis un petit moment maintenant je fais ce que je veux et comme là ses yeux on dirait deux pierres précieuses, je ne vois pas pourquoi je me gênerais. Ca ne va rien lui enlever si?

“Merci.”

Je peux bien la remercier, même si je ne suis pas aussi optimiste qu’elle. Sur un point elle a sans doute raison. Moi qui étais regardée comme une extraterrestre ou une folle, ici y a peu de chance que ça m’arrive vus les numéros qui se promènent dans leur domaine de planteurs de fraisiers. Plusieurs fois je me suis dit que je devrais profiter de cette opportunité pour rester tranquille ici et oublier le monde extérieur. et puis il y a toutes mes questions sur le Pythie et ma possession par elle et je pète une durite dans ma tête. Parce qu’elle est bien gentille la petite… La petite! Je plisse les yeux en l'observant et me demande quel âge elle peut bien avoir. Avec les dieux ou semis dieux on ne peut pas savoir. elle a l’allure d’une ado tout juste pubère, mais si ça se trouve elle a trois cent ans. Je repense aux Elfes dont me parlait Aragorn devant les illustrations de John lee et John Howe. Galadriel du haut des ses milliers d’années garderait à jamais la beauté resplendissante de de sa jeunesse et accumulera toute la sagesse du monde.

A sa façon de parler je me doute tout de même que non mais sait-on jamais. Donc oui, elle est bien gentille, mais au moins elle sait qui elle est et ils sont tous un peu comme elle ici, alors que moi, sans vouloir m’apitoyer sur mon sort, je suis possédée par une sorte de fantôme et je dois me prêter au caprice peut être même de son père tiens! Je plisse une bouche un peu pincée pour tenter de continuer à l’écouter sans trop d’à prioris et sans me révolter encore une fois. Je croise les bras sur la poitrine. Ca doit donner de moi une image de fille toujour sur ses gardes, mais je n’aime pas me surveiller à tout bout de champ et puis le gens n’ont qu’à penser ce qu’ils veulent.

Autre indice qui me fait dire qu’elle n’est pas beaucoup plus vieille que ce qu’elle paraît c’est sa désinvolture en ce qui concerne les parchemins. Je n’aimerais pas être le conservateur des musées qu’elle va visiter. Si ces parchemins en ont vu d’autres, ça ne les rend pas plus r”sistants et le temps a sur eux un effet plus nuisible. Mais bon je ne relève pas. Il y a plus important en tout cas pour moi à recueillir comme renseignement aussi ce nest pas la peine que je me la mette à dos pour une broutille. Visiblement, si j’en crois la fille, la tensione st à son comble ici. C’est peut être pour ça que personne ne se soucie trop de moi et je ne le regrette pas. Je suis plus tranquille pour tenter de me tirer des boucles de pensées dans lesquelles ne suis prisonnière depuis ce fameux matin… Toujours les mêmes questions et les mêmes réflexions qui me font monter toujours la même colère. C’est sans doute le moment de pouvoir en apprendre un peu plus alors j’ose une question tandis que ses doigts pianotent le clavier.

“Il vous mène la vie dure hein? C’est quoi cette recherche si importante?”

Je sais qu’il s’agit d’une toison, sans doute d’or si j’en crois mon instinct mais je ne veux pas passer pour une petite fouineuse que je suis de toute manière et je ne veux pas brusquer Luinilinëa, en tout cas tant que ce n’est pas nécessaire. Je finis pas s'accouder sur le livre qui tient le haut de la pile d’ouvrage que je vais devoir remettre à leur place tout à l’heure.

Oui. Normal d’être perdue, sans doute, mais normal de ne pas avoir de réponses?... Et décidément, elle ne semble pas vouloir comprendre que que nos deux cas sont différents! C’est sans doute qu’elle ne sait pas vraiment qui je suis. Je me sens comme une servante dans la grande demeure de maîtres qui se plaignent de leur vie de luxe et de plaisir à leur personnel qu’ils ne paient que juste assez pour qu’il ne meurent pas de faim. Maintenant qu’elle m’a confirmé qu’elle est de sang divin, j’ai envie de la secouer pour la faire redescendre dans la réalité. J’ai bien envie de lui crier qu’elle sait pourquoi elle est là et que c’est pour elle que ce lieu existe mais que moi je n’ai rien à faire dans tout ça. Le seul rôle que je vais jouer dans cette histoire c’est celui de pauvre fille qui doit divulguer les paroles d’un mec qu’a pas su penser autrement qu’avec ses hormones et a engrossé une pauvre mortelle. Elle est belle la divinité!

Pour le moment, je suis plus proche de prendre les cliques et mes claques et d’aller reprendre ma vie d’avant et de vérifier par moi même s’il n’est pas possible de faire comme si rien de tout ça n’était arrivé. Aujourd’hui, je suis prête à prendre le sparis qu’au bout de deux semaine je douterai d’avoir vécu tout ça et qu’au bout d’un moins j’aurai presque tout oublié bien qu’oublier est difficile pour moi, et que je me traiterai de folle lorsque je serai assaillie par un doute.

Mais comme d’habitude je me tais malgré mes réticences et ma rage. Je pensais qu’après avoir réglé son compte à Haarde je pourrai me reposer mais je crois que je serai en colère toute ma vie. Une colère que je n’extériorise que rarement. Tout ce qu’on extériorise peut être retourné contre vous. Alors je laisse tomber quelque mots dubitatifs

“Si tu le dis.”

Je regarde la fille continuer ses recherches. Je me demande si je la vois sous son véritable jour. Elle a l’air d’être mue par les fouets du centaure. Ce dernier semble avoir une énorme influence. En même temps il ne s’en est pas caché lorsqu’il s’est présenté sous son titre. Je ne sais pas si j’accepterais de vivre sous sa houlette. Je n’ai eu qu’un seul patron jusqu’à présent et il avait compris que j’étais trop… différente pour travailler comme tous ses employés. Alors j’avais carte blanche du moment que mon travail était fait en temps et en heure et je ne crois pas l’avoir jamais déçu, bien au contraire. Il réussissait à le pas me poser de questions sur ma façon de travailler et moi en échange je lui balançais des dossier détaillés des stars que son entreprise de sécurité avait pour mission de protéger. Bref si Chiron pensait qu’il allait me manipuler à sa guise, il pouvait essayer, mais il n’était pas près de réussir. Enfin, c’est ce que je pensais à ce moment et je ne demandais qu’à changer d’avis à son sujet. C’est fou comme se faire une image exacte d’une personne ressemble à du modelage lorsqu’on est aveugle. Je n’ai jamais été aveugle. J’imagine jusque qu’au départ on fabrique quelque chose de général et que les détails viennent en ajout ou en creux et peuvent évoluer à mesure qu’on se rend compte qu’une face n’a pas été explorée ou qu’elle n’était pas exactement comme on se l’imaginait. J’ai vite un avis sur les gens mais il peut changer. La fille devant moi est au premier abord passée pour une nunuche, mais à mesure que je l’écoute, je me dis qu’elle doit être plus sympa que nunuche. Peut être trop gentille même. Je me demande comment elle peut trouver tous ceux qui leur arrive si naturel. en tout cas ele fait tout pour tenter de me rassurer. Je ne suis pas bien certaine qu’elle y parvienne. Lorsqu’elle posqe des questions sur moi je me contente de de hocher la tête et de toute façon elle est partie dans une sorte de logorrhée inextinguible. Ce terme je l’aime bien et il s’applique à tous ceux qui prononce plus de trois phrases d’affilé, qui recouvre pas mal de gens. En tout cas si les nouvelles vont vite ici comme elle le dit, elle ne doit pas y être étrangère. Je devrais la remercier de me renseigner sur tout ce que je pourrais avoir besoin de savoir, mais apprendre que tout le monde sait tout sur tout le monde en un éclair ne me ravit pas le moins du monde. Je n’ai pas envie de me sentir observer en permanence. Au moins à Bunos Aires et New-York, on se retrouve fondue dans le masse d’une population où personne ne connaît personne. Une vague d’angoisse remonte de mon bas ventre jusqu’à ma poitrine comme lorsque Haarde arrivait à la maison, comme par réflexe je cherche les issues qui  me permettraient de me sauver en cas d’agression. Je sais que c’est inutile en l'occurrence, mais c’est un réflexe que j’ai acquis au foyer puis dans les lieux interlopes que je m’étais mise à fréquenter en en sortant.

La pauvre! Elle essaie de se mettre à ma place! Ca n’arrive pas souvent que les gens tentent l’exercice et j’ai l’impression qu’il renoncent vite voire que ça leur fait un peu peur. en tout cas les efforts de Luinilinëa sont louables bien que ça m'irrite un peu je dois bien l’admettre. Et puis, qu’est-ce qu’elle croit? Que je n’ai pas fait le rapprochement entre mes convulsions avec perte de connaissance? Je ne supporte pas tous ces trous qu’il y a dans ma mémoire. Ne pas savoir ce que j’ai dit ou fait pendant ces moment où en plus j’ai l’impression que je ne m’appartiens plus est effrayant pour moi qui me suis construite sur la nécessité de tout contrôler de ma vie. J’avais déjà l’impression que ma liberté en était ébréchée mais de me dire que c’est parce que je suis sous le contrôle de quelqu’un d’autre accentue encore cette impression et ce n’est pas parce que j’aurai l'assurance que je suis bien la Pythie ou sa réincarnation que cela va me rassurer bien au contraire!

Je sens bien que ce n’était pas l’effet qu’elle voulait obtenir, mais elle réveille toutes les colère que j’avais réussi à maîtriser ce matin avec ce projet de comprendre et de venir ici. Ce n’est pas ce qu’elle a dit au sens propre, mais ce que je comprends entre les lignes c’est que je vais être un outils bien pratique pour tout le monde ici et qu’entre temps... C’est bien ça la question! Même si j’acceptais mon état d’Oracle, qu’est-ce que je vais faire de ma vie ici? Elle ne me contrôle pas dit-elle mais comment elle appelle le fait de me transformer en poste TSF entre un dieu et les humains ou dans le cas présent, la progéniture de ces potes? Et je me demande bien ce qu’elle va pouvoir m’aider à comprendre surtout si j’en crois certains écrits peu rassurants sur ce qui risque d’être ma destiné. Lorsqu’elle a terminé, je n’en peux plus et j’ouvre une des ouvrages qui concerne la Pythie que je feuillette avec fébrilité avant de lui mettre une page sous le nez. Elle concerne les transes de l’Oracle de Delphe.

Pour que la Pythie rentre en transe, La Pythie doit jeûner pendant plusieurs jours avant les consultations du 7 du mois, elle doit aussi vivre seules durant de longs jours et enfin, elle mâche des feuilles de laurier (et d’autres herbes hallucinogènes) pendant des heures… Enfin, la Pythie reste des heures assise dans le temple à respirer du « pneuma ». Depuis le début du XXIème siècle, et les analyses réalisées du sol du sanctuaire on révélé qu’il s’agissait d’un mélange de vapeurs de méthane, d’éthane et d’éthylène. C’est un mélange puissant qui agit sur le système nerveux. D’ailleurs, selon Plutarque, plusieurs Pythie en sont mortes…

Je réussis assez bien à garder mon calme d’ailleurs c’est un truc que j’ai appris depuis bien longtemps et je me contente d’une ironie mordante.

“Ca donne envie hein?”

Je sens que j’ai un sourire mauvais du genre de celui qu’on adresse à ceux qui essaient de vous faire prendre des vessies pour des lanternes.

“Mais de quoi je me plains? Si la perte de ma vie ou pire, de ma santé mentale peut vous permettre de partir à la recherche de ta foutue toison, là!...”

Je jette un oeil insistant à la montagne de documents qu’elle a amassés. Lorsqu’elle a fini sa lecture, je referme le livre en lui adressant un rictus apparenté de loin à un sourire et dont la signification est évidente: tu comprends mes réticences?.

“Non vraiment, c’est cool! “

Je reforme ma pile de livres et me dirige vers les rayons dans l’intention de les remettre en place.

La description rapide du centaure ne m’étonna pas trop. Il était l’archétype de l’instructeur admiré de tous mais qui ne laisse personne respirer. Il devait avoir un sacré charisme pour que les enfants de dieux acceptent de lui obéir sans rechigner. Evidemment il pouvait aussi avoir fait ses preuves sur le terrain et c’est ce personnellement j’aurais exigé de mon instructeur. Moi je n’ai pas beaucoup de personnes comme ça dans ma vie. Il y a eu Aragorn et puis Diego Tijerina mon entraîneur de boxe thaï. C’est stupide d’entrer dans une salle de sport pour prendre des cours et de se la jouer mademoiselle je sais tout. Pourtant c’est ce que j’avais fait. Ca l’avait un peu irrité puis rire et finalement il a compris qu’il fallait qu’il soit à la hauteur et qu’il ne me ménage pas. C’était un peu mazo de ma part, mais ça a bien fonctionné entre nous et on a fini par se rapprocher. Quand ça a mal tourné avec sa femme, il dormait parfois à la salle et moi je restais souvent pour travailler ma condition physique. Je me demandais si Chiron était ce genre là ou pas. Pour ce qui était des recherches et de fouiner ja pouvais dire que peu de genre pouvait m’égaler, mais là je n’avais pas ma bécane et en plus je n’étais pas trop d’humeur à proposer mon aide à des gesn que je considérais comme hostile. C’était pour la plupart injuste, mais malgré mes efforts, je ne décolèrais pas et Luinilinëa pouvait bien se brosser.

Cela ne m’empêchait pas de l’écouter de toute la concentration dont j’étais capable et cette histoire de monstre était quelque chose de nouveau. Ainsi c’était ça la menace dont le camp tentait de se protéger. La mythologie grecque est fertile en chimère, gorgone et autre sympathique créature propre à donner ses lettres de noblesse à un héros grec, non sans avoir semé le carnage et la désolation sur son passage. Il était difficile pour moi de croire à leur existence. Comment pouvaient-ils se cacher aux yeux des humains ? Mais je repensai à l’apparence magique du centaure et je me dis que si lui était capable de ça, il ne devait pas être le seul. Le pire c’est que je n’arrive pas à envoyer cette idée au diable. Tout ce que j’arrive à faire c’est à imaginer des monstres sous couverture se promenant dans les rues de toutes les villes. C’est fou ! Et comme si les hommes avaient besoin d’autre monstres qu’eux pour avoir à affronter des dangers et des fourberies. Le visage de Haarde passe devant mes yeux ainsi que le visage tuméfié de Galadriel.

Je devais l’admettre, la fille un peu austère, sans doute la bonne élève du camp avait fini par me radoucir un peu en me faisant des confidences qui tendaient à me prouver qu’au moins elle avait un tantinet confiance à la fois dans les allégations qui couraient sur mon compte, son mentor et le fait que je puisse recevoir des informations qui pouvaient être sensibles si je prenais la décision de quitter le camp. J’aime pas trop les bons élèves, les premiers de la classe, les qui se trompent jamais. J’en ai croisé tellement qui n’attendaient qu’une chose c'était de vous planter un poignard dans le dios que je me méfie d’eux comme de sables mouvants. C’est un mauvais point pour la brunette mais pour le reste j’ai du mal à lui être objectivement hostile.

Elle n’a pas eu besoin de réfléchir longtemps pour me balancer le reste de ce qu’elle savait. L’arbre malade, ça ne donnait pas envie de rester dans les parages du camp. Je n’étais pas bien certaine que les monstres qui y pénètreraient feraient la différence entre les enfants de dieux et une simple mortelle comme et ce n’était pas la boxe thaïe qui me viendrait en aide à ce moment. Et pour couronner le tout, le remède était la toison d’or ! Je ne donnais pas bien cher des chances de sauver leur arbre qu’il soit ou non le résultat des talents de la fille de Junon. Au passage, moi qui pensais que l'épouse de Zeus était une pauvre femme juste occupée à surveiller les frasques de son compagnon, j’en apprenais de belles. Cette course aux conquêtes amoureuses humaines me laissait un peu pantoise. C’est sûr, ils n’étaient pas pléthore tous ces dieux mais bon ils ne pouvaient pas faire ça entre eux ? Avec un peu de chance ils étaient exemptés des inconvénients de la consanguinité et avec leurs façons parfois excentriques de donner naissance à leur progéniture, j’étais certaine qu’il y avait moyen de laisser les humains tranquilles. C’était un peu stupide comme pensée au moment de se poser des questions de survie, mais l’esprit va rarement en ligne droite et prend des chemins parfois surprenants.

Quelque part, j’étais rassurée d’avoir la réponse à une de mes questions. Hélios n’était pas la même personne qu’Apollon et il n’allait pas dans l’immédiat en tout cas se servir de ma petite personne pour indiquer à la fille de Poséidon, excusez du peu où trouver cette fameuse toison d’or. Eh bien ! Ils étaient dans un sale pétrin et le pire c’est que j’étais pour le moment condamnée à le partager. Mais je ne pouvais pas faire grand-chose. Je n'étais pas la fille de Poséidon, ni même d’Hélios ou d’une quelconque divinité, je n’avais pas non plus été entraînée par Chiron. Et puis même je n’étais pas certaine du tout d’avoir envie de les aider. Après tout, est-ce que cela me concernait leur histoire de famille plus ou moins adultères ?

Son petit rire me fit serrer la mâchoire et précipiter mon départ avant de me montrer désagréable envers “sa grandeur”. J’étais déjà debout avec mes bouquins et elle avait bien fait en tout cas de s’expliquer sur son petit rire narquois parce que fille de dieu ou pas je lui aurais fait comprendre ma façon de penser. Manquerait plus que ça qu’elle s’amuse de ma situation ! Les livres serrés contre ma poitrine je m’arrête les oreilles aux aguets de ce qu’elle pourrait me dire, mais ne me retourne pas. Elle pourrait très bien s’interrompre mais elle poursuit. Peut-être est-elle en train de lire une note. Pas de pianoter car je l’entendrais si c’était le cas. Je ne peux pas dire esta chica me paraît de plus en plus cool. Elle semble vraiment désireuse de m’aider et je lui fais endurer ma mauvaise humeur et ma colère.

En tout cas une chose est sûre, j’aimerais bien la croire. Ses paroles sont pleines d’optimismes. Un peu trop peut-être. Luinilinëa me fait de plus en plus l’impression de la bonne élève qui n’est jamais sortie de chez elle et qui ne se doute pas des trahisons qu’il réserve à tous ceux de son espèce qui pense que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pourtant rien ne me permet d’affirmer cela et je garde ce point de vue pour moi sachant qu’il est sans doute erroné. En tout cas elle a une toute autre façon de présenter les choses que Chiron qui garde pour moi une longueur d’avance de crédibilité sur la fille de Poséidon. Pourquoi ? Je n’en sais rien à proprement parler. Surement parce que c’est le patron de l’endroit et par aussi parce que j’ai toujours du mal à croire les théories optimistes. J’y ai toujours gagné à m’attendre au pire. Mais c’est vrai qu’être douée d’un don d’omniscience ce serait cool, même si je ne sais pas comment ça fonctionne. Faire concurrence aux jumeaux Hélios et Sélène, la classe. Mais je ne m’enthousiasme pas encore. Tout ça c’est bien beau mais je suis plutôt du genre pragmatique et il me faudrait des preuves. Oui c’est vraiment ça qui me manque. Lorsque j’ai vu le centaure pour la première fois ça m’a fait un sacré effet, mais la réalité m’a contrainte à l’admettre et c’est ce dont j’ai besoin pour croire les belles paroles de la brunette en quête de la toison d’or. En tout cas la bonne nouvelle que je veux bien croire c’est le respect qu’on me vouerait soi-disant ici. Je m’imaginais bien ne pas pouvoir mettre un pied devant l’autre sans être assommée de questions plus ou moins urgentes… La suite est un peu absconse pour moi. Je n’ai jamais entendu parler de tous les gens dont elle me parle. Je comprends seulement qu’elle tente de me faire comprendre que je suis super importante à la survie du camp mais pas seulement. Là j’avoue je me demande si elle n’essaie pas de m’embobiner. Des événements qui se déroulent à une telle échelle, j’en aurais forcément entendu parler.

Je me retourne, les sourcils froncés et scrute le visage de la fille qui n’a pas quitté son poste de travail. Ça ressemble trop à un film américain pour être totalement crédible. Toujours avec les livres dans les bras je m’appuie d’une épaule contre la gondole d’étagère pour finir d’écouter ce qu’elle pense devoir me révéler encore. Je sens qu’elle tente de se mettre à a place et en tout cas d’admettre ce que je peux ressentir et pourtant rien ne l’y oblige. Ça c’est un truc, je sais que je ne sais pas faire et je ne sais pas trop si j’ai envie d’apprendre. Je ne pense pas être égocentrée, mais je crois que j’ai trop eu à penser à moi pour me préoccuper des autres. Il est possible que j’aie fait du mal à certaine personnes pour pouvoir survivre ou en tout cas pour pouvoir devenir ce que je suis, mais ce n’était pas par malveillance ou négligence. Certains me disent que c’est un peu court comme excuse pour ne pas se préoccuper des autres, mais je n’en ai pas d’autres.

Est-ce que je pourrais prendre ce qui m’arrive comme une chance plutôt que comme une malédiction ? J’avoue que pour le moment je n’en sais fichtre rien et même après avoir écouté les belles paroles de l’élève de Chiron, je reste dubitative même si je sens mes tensions intérieures disparaître petit à petit. Je ne ressens plus l’urgence de quitter ce piège dans lequel je me suis jetée tête baissée.

Je ne sais plus trop sur quel pied danser. Ça ne change pas trop de ce que je ressens depuis que je suis montée dans ce maudit grenier, mais le fait nouveau est la disparition de la colère qui laisse place petit à petit à de la curiosité, mon autre défaut. Les convulsions dont elle parle, je les reconnais et les flashs de clairvoyance je les connais aussi. Le pire fut celui de la mort d’Aragorn et la culpabilité de l’avoir rangé parmi les rêves me ronge depuis ce jour. Mais s’il existe une chance que j’apprenne à contrôler tout ça, à ne plus tomber dans tous ces trous noirs pendant lesquels je ne sais pas ce qui se passe, cela vaut peut-être la peine que j’y réfléchisse et que je laisse une chance à ce maudit endroit de se rendre utile. Je quitte ma position d’observatrice en tête de gondole des rayonnages qui filent dans mon dos et reviens vers Luinilinëa. J’entends parfaitement ce qu’elle me dit et c’est très tentant. Cependant il y a un mais. Elle me parle d’accepter, de lâcher prise en somme et je sais déjà que ce sera l’obstacle le plus dur à surmonter. En outre je sens comme une contradiction entre le fait de garder le contrôle et celui de fusionner complètement avec l’esprit de l’Oracle.

Je suis arrivé aux postes informatiques et je me sens un peu bête d’avoir toujours mes livres entre les bras. Je les dépose à la place qu’ils occupaient tout à l’heure. et me rassois en face de la fille de Poséidon. Je garde un instant le silence en plantant mon regard dans le siens ; Je me sens plisser la bouche comme avant de prendre une grave décision. Enfin je me décide à répondre à toutes les informations que je viens de recevoir.

“Hum… Je suppose que je ne risque rien dans l’immédiat à vérifier ce que tu me dis.”

Je n’en dis pas plus mais dans mon esprit cela recouvre beaucoup de choses comme demander un entraînement de Pythie à Chiron, me laisser cette chance et si je vois que cela ne mène à rien je reprendrai ma route. Chacun aura eu sa chance. Ce monde de fous, moi… Je trouve ma position honnête et on ne pourra pas me reprocher de ne pas avoir essayé. En attendant, je me donne aussi toute latitude pour changer d’avis si je sens que je me suis faite embobiner. Bref je viens de me trouver une porte de secours grâce à, je dois bien l’admettre, Luinilinëa et ça me fait le plus grand bien. Le poid qu j’avais sur le ventre depuis mon réveil dans le grenier se fit plus léger et je parvins à étirer ma bouche sur la droite en guise de simili sourire.

“Tu veux de l’aide pour trouver tes dieux qui voient tout ?”

Je n’ai rien de mieux à faire dans l’immédiat et puis cette nana est peut-être encore capable de m’apprendre des choses utiles. J’ai l’impression que mon esprit s’est libéré et sans que je ne lui demande rien, échafaude des théories sur l’endroit, où on pourrait trouver les deux jumeaux.

“Si j’étais une paire de jumeau censée tout voir parce que complémentaire comme la nuit et le jour et que j’avais été évincée par d’autres dieux, je crois que j’aurais pris ma retraite dans un endroit qui me permettrait de continuer à tout voir à deux et les pôles ou le prolongement de leur axe seraient pas mal comme position.”

Et puis je fais la grimace. Comme si les élucubrations d’une mortelle pouvaient tomber pile à peine se mettait-elle à la recherche de ce qui tient en échec des immortels ! Alors je m’empresse de poursuivre.

“Tu veux qu’on commence par quoi ?”

Cette fille était un peu trop calme et un peu trop sage à mon goût; Je cherchais les chausse trappes qui pouvaient se cacher derrière ses belles paroles qui allaient un peu trop dans mon sens. J’avais trop eu l’expérience des gens qui cherchaient à obtenir de moi plus que je ne voulais et une petite alarme tintait dans mon esprit me commandant de me méfier de cette fille de dieu qui semblait si conciliante. Pour être bref, c’était un peu trop beau, un peu trop facile.. Pourtant je décidai de faire quelque pas dans sa direction. Comme elle le notait, je ne risquait rien, dans l’immédiat en tout cas. La seule question qu’elle éludait un eu trop facilement à mon goût était celle de mon départ en cas de désaccord entre ce lieu et moi. Je me demandais si effectivement j’aurais toute latitude de partir si je le décidais. Rien n’était moins sûr pour moi. Si ce camp devait rester secret et maintenir une protection pour ses occupants, en laisser partir quelqu’un de peu digne de confiance comme moi qui venait d’arriver et avait exprimé autant de réticences que moi représentait dans doute un danger. Cependant je gardais ces supputations pour moi. après tout, je n’étais pas forcée d’annoncer mon départ au moment où je l’aurai décidé.
Je me contentai donc d’une moue approbatrice accompagnée d’un hochement de tête qui étaient autant l’expression de mon assentiment à ses paroles qu’au résultat de mes pensées.

Pour l’heure en tout cas, m’investir un peu dans les recherches de la fille de Poséidon ne pouvait que m’apporter quelques réponses supplémentaires même si elles ne résoudrait sans doute pas mes interrogations personnelles. Retrouver deux dieux disparus c’est à dire sans plus d’influence sur les mortels ne me serait sans doute pas d’un grand secour dans l’immédiat. Je fronçai le nez en réalisant que je commençais à parler de tout cela comme si c’était des vérités établies et que je vivais avec tout cela depuis toujours. Les lectures d’Aragorn à mon intention sur les diverses mythologies qui ont eu cours sur la planète me facilitaient sans doute le compréhension du nouveau monde et du nouveau contexte dans lequel j’avais mis les pieds.

Les notes de la demie déesse étaient aussi ordonnées que que je pouvais l’imaginer. Cette fille était décidément trop parfaite; C’était agaçant. Je me penchais sur les lignes régulières pourtant jetées telles quelles sur le papier d’une part et sur l’écran tout en écoutant les réticences à mes hypothèses. Je n’étais pas surprise ni vexée qu’elles ne soient pas adoptées. C’est pour le coup que j’aurai cru à mon soi disant don de clairvoyance! En tout cas ses explications sur le nature des dieux étaient des plus instructives et assez édifiantes. C’était de façon cartésienne tout à fait difficile à imaginer mais les dieux sont pas essence de nature différente à ce que l’on connaît, en tout cas pour le moment. Je ne pus m’empêcher de penser aux avancées de la science qui pourrait qui sait élucider cela aussi. Les notions de matière noire et d’énergie sombre de l’univers qui résistent aux physiciens depuis tant d’années maintenant pouvaient-elles avoir un lien avec des essences divines? Avoir ce genre de pensées m’effrayait un peu, moi habituée à des raisonnements logiques ou tout mysticisme était étranger!

Visiblement Luinilinëa avait un idée qui avait déjà fait son chemin et je suivi le cheminement de son raisonnement en silence mes yeux assant des ses notes manuscrites à l’écran de l’ordinateur, autre chose qui me dépaysait, ne pas avoir la main sur la bécane. C’était superficiel comme préoccupation mais j’avais tant l’habitude de maîtriser l’informatique que je m’en sentais dépossédée. Le plissai le front devant les coordonnées qui s’affichaient. C’était dans l’Océan Atlantique Nord à n’en pas douter, mais où exactement? Pas très loin du tropique non je ne voyais pas l’intérêt de ses données.

Je me tournai vers son visage des plus sérieux alors qu’elle me sortait ses histoires de monstres marins et de triangle des Bermudes. Non! Elle ne me servait pas ces blagues sérieusement?!! Je me rassis presque effondrée par ce qu’elle tentait de me faire gober. Les monstres marins ne sont que des figures légendaires que les marins s’étaient fabriqué pour justifier la terreur que la mer, son immensité et ses dangers pouvaient provoquer à juste titre chez eux. Maintenant on me demandait d’accepter que deux dieux avaient sombré dans une partie de l’océan hanté par ces créatures et pourquoi pas retenus prisonniers! J’avais l’impression d’être projeté dans une des anime que je pouvais suivre de loin en loin au foyer ou des chevaliers d’or devaient délivrer une déesse grecque elle aussi, Athéna. Je scrutais le visage de la fille à mes côté essayant de trouver la trace d’un sourire narquois qui me prouverait qu’elle se payait ma tête, mais elle était tout ce qu’il y a de plus sérieux. Incrédule je ne pus retenir ma question.

“Tu essaies de me faire croire qu’une escouade de demis dieux comme toi va partir dans le triangle des Bermudes tenter de délivrer deux anciens dieux de prétendus monstres marins?”

J’aurais bien aimé qu’elle éclate de rire et qu’elle me crie: “Tu l’as cru patate crue!” Mais le sérieux de son visage me convainquit que je me faisais des illusions si je m’accrochas à cette possibilité.

Ok! Ils allaient y aller! Mais comment et avec quels moyens? Ils avaient beau être soi disant des demis dieux et doués de pouvoirs si ce qu’elle disait était vrai, ils n’étaient pas rentrés.

C’était bien ce que je pensais. Rien ne me serait épargné en terme de folie dans ce camp. Le problème c’est que j’avais pu vérifier une bonne partie de ces folies et que je ne pouvais pas prendre prétexte de cette nouvelle ineptie pour m’en offusquer. Après tout depuis mon arrivée ici j’avais vu un humain se changer en centaure et croiser des créature que seuls les livres pouvaient receler jusque là. J’avais été investie par l'esprit d’un oracle dont je m’étais encore refusée à calculer l’âge. Evidemment il restait encore à prouver que cette fille soit celle de Poséidon, mais après tout était-ce plus étrange?

Aussi lorsque Luinilinëa me confirma qu’il faudrait se rendre dans la mer des monstres pour récupérer la toison d’or, enfin, dans un premier temps remettre la main sur les anciens dieux jumeaux, je me contentai de poser ma main sur la bouche, le coude soutenu par mon autre palme, pensive et à peine incrédule. Ala fin de le première partie de son exposé, je me contentai de détourner la tête de son visage un peu trop sérieux à mon goût. La seule bonne nouvelle était qu’à priori je n’étais pas directement concernée par cette quête. Cependant, si Chiron venait me voir ce soir dans ma chambre _ ça me fait penser que quiero la llave de mi cuarto!_ pour m'annoncer que je dois faire partie de l’expédition, en serais-je surprise pour autant?

Bien sûr, que je connaissais l’Odyssée! Pour qui me prenait-elle? Mais tout cela était un mythe, une légende et on s’était évertué à m’expliquer qu’une partie de tout ça était symbolique pour parler des rapports de séduction, des apparences et de l’ingéniosité humaine. Ok, une tripotée de monde sur terre s’accorde à dire que dans ce triangle se passent des choses pas catholiques, pero nadie n’a vraiment parlé de monstres. On en est plus à l’èrr des perturbations climatiques, des aberrations du champ magnétique, que sais-je encore, mais les cyclopes, les magiciennes les sirènes! Je ne savais pas quoi dire et de toute façon, je ne pense pas que la fille en face de moi attende que je réagisse à toutes ces informations.

Si je partais du principe qu’elle me disait la vérité ou des choses sensées ou même approchant je pouvais comprendre son souci d’en apprendre le plus possible afin que les “chanceux” qui seraient en charge de la mission aient quelques espoirs d’en revenir. Je ne voyais personnellement pas le moyen de l’aider car il me fallait d’abord digérer ses paroles. Somme toute je me trouvais assez conciliante et ouverte et ce indépendamment de ce que j’avais déjà dû admettre durant les jours précédents et qui avait entamé par bien des côtés ma façon d’envisager le monde

Pourtant mon esprit ne pouvait s’empêcher de tenter de mettre des bribes de raisonnement en lien les uns avec le autres. Si on admettait que le triangle des Bermudes étaient la mer des monstres et qu’elle était bien celle qu’avait dû affronter Ulysse, cela impliquait qu’elle s’était drôlement déplacée et ce en passant le détroit de Gibraltar. Ou bien était-ce l’inverse, c’était le prince d'Ithaque qui avait effectué un périple bien plus important que ne l’imaginait Homère lui-même. Cela ne m’avançait à rien. Deux problèmes allaient donc se poser aux demis dieux. Le premier serait de pénétrer dans l’endroit où résidaient ou bien étaient prisonniers les dieux jumeaux et le second serait d’en ressortir. entre temps il faudrait déterminer si Hélios et Séléné leur seraient d’une quelconque aide. Si on imaginait qu’il y avait une entrée quelle forme pouvait-elle avoir? Les pensées les plus folles me traversaient comme la possibilité qu’un des monstres tel que Charybe soit une entrée. C’était certain, je devenais aussi cinglée que tous ici. De façon plus pragmatique si on envisageait qu’il s’agisse d’un triangle et qu’on en connaisse les sommets, il était aisé d’en trouver le barycentre, qui serait dans ma représentation des choses soit le point d’intensité maximum ou une sorte d’oeil du cyclone par lequel pénétrer cet endroit avant de laisser le fille de Poséidon guider ses petits camarades. A moins que… Mais c’était sans doute trop cartésien pour donner une réponse satisfaisante. Je pivotais pour croiser à nouveau le regard de Luinilinëa.

“Si je voulais entrer dans les réjouissances que tu promets.”

Evidemment c’était un façon de parler. Je n’avais nullement l’intention de joindre à cette expédition et j’espérais bien que la fille à côté de moi le comprendrait.

]b]“Je me dirigerais avec ma petit équipe, dans un véhicule quelconque de préférence solide, voire magique…”[/b]

Je n’avais pu réprimer un sourire narquois à ce dernier adjectif.

“...vers l’endroit où le plus grand nombre de disparitions ont été constatées. Ce serait bien le comble si votre concentration de rejetons divins n’attirait pas quelque monstre qui vous indiquerait l’entrée.”

Indiquer était certainement très civil pour parler de créatures qui n’avaient sans doute qu’une idée en tête vous avaler en le moins de bouchées possible.

“Tu as l’air de savoir un peu à quoi t’attendre. Ce te laisse le loisir de choisir des argonautes en fonction des talents que tu jugeras utiles…”

J’imaginais assez bien la fille de poséidon proposer une mission suicide à Chiron dans le genre que nous pond régulièrement le cinéma américain. J’étais à peu prés certaine que la nana allait me regarder avec un air aussi incrédule que le mien lorsqu’elle me parle de la mer des monstres comme d’une réalité.

Ok. Il fallait que je me fasse à l’idée que les deux huiles du camp étaient Chiron et Monsieur D et que ce n’était pas dans les pratiques de l’endroit de faire preuve de désobéissance à leur égard ! Pour moi qui ai passé plus de la moitié de ma vie à n’en faire qu’à ma tête c’était assez incompréhensible. Enseignants, psychologues surveillants et autres éducateurs s’étaient arrachés les cheveux sur mon insoumission et je ne me voyais pas dire oui amen à deux mecs qui se la pétait grave sous prétexte que… Que quoi d’ailleurs ? Ah oui ! Ils avaient apparemment un mandat des dieux ! Des dieux qui ne daignaient pas s’occuper de leur progéniture. Si toutes les folies que j’étais sensée avaler depuis que j’étais arrivée ici était avérées, il semblait que les habitudes de ces messieurs et de ces dames de l’Olympes n’aient pas beaucoup changé depuis l’antiquité. Descendre sur terre pour pécho, engrosser une humaine et hop débrouillez-vous sur Terre ! Quoi vous osez vous plaindre ? Je vous laisse entre les mains d’un centaure ! Elle est pas belle la vie ? Ces gens avaient toutes les raisons du monde de les envoyer tous au diable mais non, ils se pliaient docilement aux exigences de leur papa et maman. Parlons-en des mères ! Si les choses se passaient un tant soit peu comme dans le biologie humaine mesdames les déesses devaient accoucher de leur progéniture, petit souvenir de leur frasque sur Terre, non ? Et elles s’en débarrassaient ensuite ? Je ne savais pas qui j’avais le plus envie de blâmer. Ces mecs qui comme n’importe quel petit macho mené par sa testostérone et qui se carapate dès que leur belle du moment se retrouvait en cloque ou ces nanas qui se donnent des airs de grandes dames et balancent leurs rejetons du haut l’Olympe en mode Héphaïstos ? Rien que d’y penser je sentais une rage sourde monter en moi qui n’était pas concernée au premier chef par cette obscénité. Je serrais les dents en écoutant le semblant d’explication de la fille de Poséidon qui à l’évidence acceptait les choses avec le plus grand naturel alors que je sentais ses muscles maxillaires rouler sous mes joues.

La seule chose que j’arrivais à comprendre était le sens des responsabilités dont elle semblait faire preuve, en tout cas en apparence. Je ne pouvais pas critiquer le fait qu’elle se préoccupe des autres, même si c’était quelque chose qui m’était pour le moins étranger et à l’égard des fils de dieux, je me sentais encore moins engagée en quoi que ce soit. Si leur propres fantastiques parents immortels ne s’en préoccupaient pas plus, pourquoi me sentirais-je plus investie de leur salut ? Cette dernière pensée me redonna un sentiment de plus grande liberté qui me fit un bien fou. Ces gens n’étaient rien pour moi et je pouvais décider de me carapater quand cela me chanterait. En fait ils étaient en période de probation et s’ils ne parvenaient pas à me convaincre du bien-fondé de ce que je vivais et de ce qu’ils me demandais, je tirerais vite fait ma révérence et les laisserai jouer à la guéguerre contre les monstres dont, au reste, je n’avais pas vu le commencement d’une croc ou d’une griffe.

Si je n’avais pas croisé les pas de créatures que je pensais appartenir au livres de légendes, je pourrais tout aussi bien me dire que ces gens étaient en train de se faire un jeu de rôle grandeur nature. En fait les preuves de l’irréalité des choses côtoyaient celles qu’à l’évidence, il se passait des choses qui me dépassaient ici. Cela compliquait grandement mon positionnement qui était d’ordinaire plus tranché et plus rapide sur ce qui m’entourait. Je ne pouvais pas faire comme si tout ça n’existait pas et en même temps quelque chose en moi résistait à accepter totalement ce que je vivais. D’autant que si les phénomènes commençaient à se frayer un chemin jusqu’à mon esprit, la façon d’envisager les rapports de soumissions que ce soit à des dieux ou à leurs délégués me hérissait et n’étaient pas près de finir de me convaincre de rester.

Pour finir et faire court, cette fille cherchait un truc qu’elle avait plus ou moins localisé mais le moyen d’y parvenir ne dépendait pas d’elle et si elle était la plus apte à remplir cette mission les deux boss du camp refusaient qu’elle s’en charge et préféraient que ce soit des recrues moins aptes à le faire qui s’en charge. il y avait un logique qui m’échappait mais pour l’heure je décidai de la boucler comme je me le promettais depuis que cette conversation tentait de me prouver que je ne comprenais rien à rien mais que j’enfreignais, je ne sais pour quelle raison.

Mon silence fut bien simplifié par la démonstration de la fille. Je ne me sentais pas plus folle qu’une seconde plus tôt et ce à quoi j’assistais était de nature à clouer le bec à la langue la mieux pendue et personnellement je n’étais pas une grande oratrice. Incrédule, je regardais les prodiges se réaliser sans savoir lequel était la plus époustouflant. En tout cas la fille était convaincante lorsqu’elle y mettait les moyens. Je n’avais pas envie de m’extasier et le silence me parut la meilleure chose d’autant que j’aurais eu du mal à trouver les mots pour réagir à peu près intelligemment à ça. Si tous les membres de leur petite communauté avaient ce genre de capacité, je ferais figure de petite chose fragile c’était évident et mon utilité qu’ils s’évertuaient tous à tenter de me démontrer était toute relative. Je n’avais aucune de ces compétences qui devraient leur permettre de mener leurs quêtes à leur fin sans problème. D’ailleurs je voyais de moins en moins où serait la difficulté d’aller chercher ce qu’elle cherchait. Les monstres n’avaient qu’à bien se tenir.

Pendant la suite des explications, je me contentai de hocher la tête pour signifier que je comprenais ce qu’elle me disait même si le terme comprendre était tout relatif et aurait pu être avantageusement remplacé par entendre c’était déjà pas mal.

La solution la moins dangereuse disait-elle ? A moins de connaître les plans de ce qui se cachait dans ce maudit triangle et d’utiliser une porte de service... Le problème c’est que j’imaginais l’endroit plus comme un labyrinthe et dans ce genre d’endroit il y a une entrée et éventuellement une sortie mais rien d’autre.

Peut-être qu’avoir comme projet de se rendre là-bas obligeait à en accepter les risques… Par contre, il fallait qu’elle arrête de me prendre pour un truc fragile à protéger et qui allait devoir se résigner à rester enfermé dans ce camp sous peine de se faire croquer par un de leur soi-disant monstre. D’une part ça avait le don de me fiche en rogne de penser que je ne saurais plus soudain m’occuper de moi alors que j’ai passé ma vie à ça, d’autre part si j’avais bien compris c’était eux qui avaient plus besoin de moi que l’inverse alors fallait pas me la faire. Je n’avais pas décroché un mot depuis un petit moment et je préférais me taire. Ce que j’avais sur le cœur pouvait bien sortir n’importe comment, je me connaissais assez pour le savoir et puis stratégiquement moins j’en laissais savoir sur moi mes projets mes intentions et tout mieux ce serait.

Pour chasser mes pensées plutôt négatives je tentais de réfléchir au problème qui avait amenée Luinilinëa de Harcourt à la bibliothèque et au moyen peut être si on ne pouvait les éviter de se rendre maître des monstres qui semblaient incontournable dans cette histoire. Cette mission était comme descendre aux enfers et je me demandais si un peu de finesse ne pourrait pas être employée. Lorsque je m’introduis dans les systèmes informatiques un peu partout c’est un peu la même chose si on y réfléchissait bien et le principe du cheval de Troie était hérité de l’antiquité non ? Obliger l’ennemi à faire entrer la menace sans qu’il se doute que c’en est une est une ruse aussi vieille que le monde mais qui marche plutôt bien. La seconde façon est de rendre aveugle les défenses ou de les endormir. Cerbère n’avait-il pas été endormi ou charmé pour laisser passer les héros comme Orphée ? Mais c’était certainement des idées de pauv’ fille pas encore habituée à sa nouvelle condition et je les gardai pour moi. J’avoue que j’étais en mode rancunière et que j’étais un peu vexée des dernières paroles de cette fille qui pouvait guérir juste avec de l’eau, même si je ne pouvais pas l’accuser de condescendance ou et d’arrogance.

Je cillai alors que la fille de Poséidon semblait changer de préoccupation. Apparemment la recherche d’un moyen de délivrer les dieux qui savent tout était passé au second plan pour se concentrer sur moi. Ce n’était pas vraiment pour me flatter. J’avais eu assez de gens concentrés sur moi et ce que je pensais pour être vaccinée pour un moment et même si ses dernières années j’avais louvoyé assez habilement pour qu’ils me laissent en paix, je n’avais pas été rassasiée de liberté. De la liberté de faire et de penser que je voulais sans que soit mis sur le compte d’un trouble quelconque qui justifierait que l’on m’enferme car au bout de compte, chacun semblait s’accorder sur un point je n’avais rien à faire dans le monde des gens qui se disent normaux.

En l’écoutant, je me demandais si cette fille en plus d’avoir des pouvoirs liés à l’eau ne lisait pas dans mes pensées et cela me raidit. Je n’avais jamais encore croisé quelqu’un capable de cet exploit et une certaine panique s’insinua en moi. Toutes les personnes qui avaient voulu tracer mon profil psychologique s’étaient heurtée à mon silence et à la capacité que j’avais développée de ne rien laisser transparaître de ce que pensais ou ressentais. Si maintenant je pouvais être percée à jour, il me faudrait moi-même développer d'autres stratégie et sans doute dresser une barrière mentale de je ne savais encore quelle nature afin de lutter contre ces intrusions. Ces pensées prenaient le dessus sur l’attention que je devais à cette fille et je n’aimais pas trop ça. Je me devais d’en apprendre plus sur l’endroit où je me trouvais et les gens qui le peuplaient et extrapoler sur un don qui n’était peut-être de l’expression d’une coïncidence me détournait de ce premier objectif.

Après, il n’était pa bien compliqué de comprendre que les monstres semblaient être une préoccupation première pour elle. C’était d’autant plus étonnant pour moi, que des monstres, hormis des humains qui s’y entendaient pour occuper cette place, je n’en n’avais jamais rencontré et cette notion était bonne pour les livres de légendes. Evidemment je ne pouvais pas faire moins que l’écouter. Ce que j’avais vu ici était suffisant pour que je ne parte pas du principe que ce n’était que foutaise que ces histoires. Des choses par contre manquaient à plusieurs niveaux de cohérence et soulevaient d’autre questions même en partant du principe qu’elle ne me racontait pas de cracs. Mais elle semblait si absorbée par le nécessité de me convaincre que je ne savais pas si j’aurai le loisir de l’interroger sur tous les aspects qui me chiffonnaient. Je me contentais donc d’enregistrer cette histoire de poussière, de Styx. Je n’avais jamais eu besoin d’avoir des réponses sur le champ et étais capable de les débusquer quand l’occasion se présente. J’avais fait de la patience une de mes qualités premières. Pour ce qui était de mes capacités de défenses. Diego Tijerina m’avait bien formée et j’étais capable de mettre une trempe à la plupart des gens qui sous-estimeraient ma hargne. En effet j’étais capable d’encaisser pas mal d’oublier la douleur et de rendre coup pour coup comme une forcenée, quitte à m’écrouler en fin d’affrontement. Cela avait fait l’étonnement de mon coach avant de le faire beaucoup rire, surtout lorsque d’un rigolo arrivait à la salle et se la jouait. J’avais petit à petit compris qu’il se faisait un malin plaisir à me les opposer pour les jauger. Il savait qu’à chaque combat, je jouais ma vie et que si le gars ne me prenait pas au sérieux, comme tout sport l’exige, il dérouillerait. J’ai mis du temps à comprendre son manège, mais ensuite je me suis prise au jeu et je crois que ça a encore accru ma détermination. Mais je m’égare et mes compétences en boxe thaï n’assuraient évidemment pas de survivre face à des monstres mythologiques. Je n’étais pas folle !

J’écoutais attentivement tout ce qu’elle avait à dire tout en me demandant ce qu’elle visait. La possibilité qu’elle se mette dans la peau de ma grande sœur soucieuse de ma santé n’était pas à écarter, mais Melinda m’avait vaccinée contre les sœurs et je n’avais pas l’habitude de faire confiance aux personnes qui voulaient se faire passer pour de bons samaritains désireux d’œuvrer pour mon bien. Ces personnes devaient être capable de tenir sur la distance et les rares que j’avais rencontrées ne m’avaient jamais fait de grande déclaration sur leur amitié envers moi. Pour le moment, il fallait lui rendre cette grâce, Luinilinëa non plus. Cependant je ne pouvais écarter la possibilité qu’elle veuille me manipuler et me faire agir à sa convenance et celle de tout ce groupe de cinglés qui se regroupaient tous au même endroit histoire de faciliter la tâche aux soi-disant monstres qui voulaient leur mort.

Donc lorsqu’elle me fit le coup de, “tu sais si tu veux partir vas-y je ne te retiens pas”, le premier réflexe qui fut le mien fut de la prendre au mot. Cependant, je n’avais pas encore répondu à toutes les questions qui se posaient à moi et je n’étais pas du genre à prendre des décisions qui engage ma sécurité ou ma liberté à la légère. Parfois même je les différais sur de longues périodes. Dans le cas présent j’avais dans l’idée que quelques jours suffiraient mais je n’étais pas fixée définitivement sur un délai. Ce qui me chagrinait le plus était qu’après avoir voulu me carapater du camp immédiatement, je repoussais sans cesse l'échéance et que je me demandais s’il s’agissait de ma propre décision ou bien du fait que je me laisse embobiner. C’est le genre de moment où je sens ma cervelle bouillir et où il faut que je me convainque de remettre mes décisions à plus tard.

Pour l’heure, je devais juste me concentrer sur tout ce qu’elle allait m’asséner comme informations et cela tombait bien, les informations c’était un peu ma raison de vivre. N’en donner que le moins possible et en glaner le plus possible. Le patron était toujours satisfait de mes rapports et évitait de me poser des questions sur les moyens que j’employais et donc tout se passait bien… Là avec cette sensation que cette fille lisait dans mes pensées, j’étais vraiment moins à mon aise.

Pourtant je devais l’admettre ce qu’elle me décrivait suscitait d’autres questions. Et je ne me voyais pas les différer celles-ci.

“Et vous qu’est-ce qui vous tue ? Je veux dire à part les monstres. Des armes spéciales, des armes humaines ? Faut sûrement des habiletés spécifiques pour manier ton bronze céleste ?”

Pour ce qui me concernait yo lo sabia, pas besoin de trucs especiales pour me trucider et je ne savais pas trop quel effet ça me faisait. J’avais déjà affronté la possibilité d’être matada en m’attaquant à Stephen Haarde et c’était devenu presque évident que devant la disproportion des moyens il avait de forte chance de me faire passer l’arme à gauche avant que ma vengeance soit accomplie. En fait j’avais eu beaucoup de chance j’en étais consciente. Et là maintenant dans cette bibliothèque entre deux mondes j’étais presque rassurée de pouvoir mourir comme tout le monde comme si c'était une assurance de ne pas être aussi timbrée que les autres habitants du camp.

A mesure qu’elle parlait une moue approbatrice se dessinait sur mes lèvres. Suivre des cours pour pouvoir me défendre semblait une proposition honnête et du genre qui me séduisait assez en temps normal alors pourquoi pas ? Au moins par curiosité je pouvais tenter l’expérience et cela me donnait une excuse pour m’éterniser ici et finir de me forger mon opinion. Le truc vendeur était que les autre Pythies avaient trépassé de ne pas s’être formées, en tout cas de ce qu’en disait la fille de Poséidon…

“T’en a connu beaucoup des… Pythies ?”

J’avais hésité sur le dernier mot réalisant qu’il m’englobait peut-être et cela me faisait bizarre de parler de moi comme ça d’une façon très détachée. Mais j’enchaînai rapidement sur la suite.

« Pour ce qui est de la formation au combat, pourquoi pas. On commence quand ? »

Nous étions bien loin de nos recherches initiales, mais comme la fille de Poséidon m’avait suffisamment fait comprendre que je n’avais aucune idée de ce qui pouvait être entrepris ou non pour y arriver et qu’après tout ce n’était pas mes affaires, cela ne me dérangeait pas. Après tout, je n’arrivais pas à me dire que si les rejetons de dieux disparaissaient les conséquences seraient néfaste pour qui que ce soit d’autre. Leurs parents eux-mêmes malgré leur essence soi-disant divine ne participaient pas vraiment au cours de la planète. Au point de vue religion j’étais on ne peut plus sceptique depuis toujours et idem au niveau fantastique et surnaturel bien que ce que je vivais depuis quelques jours écornait sérieusement mes certitudes. Autant dire que les bonnes habitudes ne se perdant pas si facilement, ma survie était bien plus importante que celle de l’arbre de Thalia ou de quiconque sur le camp.

Pour tout dire j’avais passé la majeure partie de ma vie à agir pour survivre à ce que je considérais comme des dangers physiques ou psychologiques et hormis maman, personne n’avait autant d’importance à mes yeux. Entre la mafia et “l’affection” redoutable de ma sœur qui s’évertuait à vouloir me faire passer pour folle, j’avais bien été obligée de me méfier de tout et de tous. J’avais même fini par ériger en théorie que chacun devait s’occuper de se fesses en premier lieu et que venir en aide aux autres faisaient partie des dommages collatéraux. Donc le triangle des Bermudes passait largement au second plan face à la possibilité d’être attaquée par un monstre et apprendre à me défendre était devenu rapidement une priorité dans mon esprit.

Face à moi, Luinilinëa était intarissable à répondre à mes questions et je ne pouvais sans doute pas rêver mieux qu’elle pour m’initier à ce qu’elle me présentait comme ma nouvelle vie. Je ne sais pas trop si j’étais spécialement ravie d’apprendre que j’avais acquis de l’essence divine en devenant Pythie, mais ça pouvait me permettre de manier les armes dont elle me parlait ce n’était pas à négliger. Être fils de dieu ne protégeait pas de tout et à part servir de cible à des monstres on se demandait bien ce que cela pouvait apporter. Ah si oui ! J’oubliais la petite démonstration de guérison de la fille. Elle pourrait faire une splendide infirmière…

Encore une fois je gardais le silence, attentive aux informations qui me parvenaient. Je savais que je n’étais pas au bout de mes surprises et je me rendais compte que j’aurai du mal à poser des questions pertinentes tant les repères semblaient chamboulés dans cette nouvelle réalité. J’enrageais en pensant ainsi de ne pas pouvoir me débattre contre ma première visite du camp. Au moins, sans elle j’aurais pu faire encore comme si les faunes ou les centaures n’existaient pas, mais là j’avais juste le choix entre admettre que c’était bien cette nouvelle réalité ou accepter le fait que je devenais cinglée.

Par la suite je regrettai un peu de l’avoir interrogée sur les Pythies qu’elle avait connues. Ce que j’en retenais était qu’elles ne faisaient pas de vieux os et que déjà je pouvais faire figure d’ancêtre d’avoir presque atteint la trentaine, maigre consolation dans ce qui semblait être le destin inéluctable de ma nouvelle fonction. Inutile de dire que j’étais ravie ! En plus, leur rareté me promettait de devenir la petite chose à protéger du camp, qui n’a pas le droit de rien faire parce qu’elle pourrait se casser un ongle et qu’on ne sait jamais ce que cela pouvait avoir comme conséquence sur ses prédictions. Je me disais qu’au moins si je faisais l’effort de m’entrainer à résister à ces monstres dont elle me rabattait les oreilles peut être gagnerai-je un peu en crédibilité et en indépendance. En tout cas m’imaginer comme une rose mise sous cloche avait de quoi me faire paniquer. Il était hors de questions que je me ballade avec des gardes du corps ou que je reste enfermée à tel ou tel endroit ! Une vague de panique vint me serrer le cœur. Je ne pense pas être des plus émotives et je suis souvent cataloguée parmi les insensibles et froides dénuées d’empathie, mais la perspective d’une privation de liberté contre mon gré a toujours de quoi le retourner. Pour crâner un peu j’adressai un sourire ironique à la fille de l’eau.

“Ça donne envie tout ça. Au moins je suis sur les bases du record. Pour ce qui est de devenir folle, je crois que je ne dois pas en être loin j’ai croisé un centaure pas loin d’ici.”

Je n’étais pas bien certaine que Luinilinëa goûte mon humour. Je sais que je suis nulle à ce jeu, même si Lixue a tenté de m’initier aux subtilités de ce sport. Elle en avait un douteux de son côté quand elle me prédisait la possibilité d’accepter ma charge _ combien de temps avait-(elle dit?_ quelque jours? Mais c’est qu’elle avait beaucoup d’espoir pour moi cette fille ! Je préférais ne pas être courageuse et vivre un peu plus longtemps.

Par contre, la fille de Poseidon, allait peut-être vite en besogne ; Il ne me semblait pas avoir dit que j’allais me faire à cette nouvelle vie ni même que j’acceptais cette nouvelle fonction. Mon premier réflexe fut une fraction de seconde celui de la détromper, mais après tout, elle pensait bien ce qu’elle voulait et si je décidais de prendre la tangente c’était mes affaires et je n’ai rien promis du tout. Et d’ailleurs les promesses… On m’en avait fait suffisamment pour que je comprenne depuis longtemps qu’elles n’engageaient que celui qui les écoutait. En même temps j’avais le sentiment que si je promettais quelque chose ici ce serait une manière d’accepter le monde qui se découvrait devant moi et qu’alors je n’aurais plus d’autre choix que d’y prendre ma place, perspective pas très encourageante de prime abord.

Dans tout le tableau prenait forme dans mon esprit le seul point positif qui se dégageait presque à mon insu, c’était que depuis ma dernière perte de conscience, je n’avais objectivement pas la sensation de partager mon corps ou mon esprit avec quelqu’un d’autre et cela le rassurait un peu. En fait peut être que tout le monde se faisait des idées sur moi et que je n’étais absolument pas la Pythie dont ils parlaient tous. Évidemment c’était nier tout ce qui s’était passé dans le grenier et ce n’était pas le style de ma maison de nier l’évidence même si depuis quelques jours je me débattais pour avoir des raisons de le faire.

Me retrouver sur un terrain d'entraînement et laisser un peu plus de place à mon corps était une excellente idée. Depuis que j’étais arrivée, mon activité avait été essentiellement cérébrale et mon rituel de passer trois fois par semaine à la salle pour taper dans un sac ou un sparring partner en avait pris un coup. Aussi lorsqu’elle me proposa de passer à la mise en pratique de ce que j’avais accepté auparavant, je hochai la tête de façon déterminée.

“C’est parti ! Je sens que ça va me faire le plus grand bien.”

Je saute sur mes pieds tout en passant machinalement la main sur la poche arrière de mon jean pour vérifier que mes notes y sont toujours. Je désigne les ouvrages qui trainent encore sur le plan de travail.

“Je range ça et je suis à toi.”